Message de la conférence des évêques de Madagascar
04/03/2022
« VOUS SEREZ MON PEUPLE, JE SERAI VOTRE DIEU » (Jr 30 :22).
Message de la conférence des évêques de madagascar
A tous les catholiques de Madagascar
Au peuple malagasy et à toutes les personnes de bonne volonté,
Que la paix soit avec vous
Chers frères et sœurs,
Nous, évêques de Madagascar, nous sommes réunis comme d’habitude à Antananarivo du 3 au 12 novembre 2021 et nous vous remettons le message suivant :
1. Tout d’abord, nous rendons grâce à Dieu origine de toutes choses par son amour et par ce qu’il prodigue à son peuple. En effet, depuis quelques mois, à la fin de l’urgence sanitaire, notre quotidien commence à revenir à la normale nous permettant de vivre mieux. Cela révèle que Dieu ne nous abandonne pas et que l’épidémie de Covid 19 n’a pas le dernier mot. Le message du Pape François aux jeunes nous exhorte : « Partout dans le monde nous avons vu de nombreuses personnes, y compris de nombreux jeunes, lutter pour la vie, semer l’espérance, défendre la liberté et la justice, être artisans de paix et bâtisseurs de ponts». Alors levez-vous, nous sommes vraiment le peuple de Dieu et Il est notre Dieu. Prends en main notre
Pape François, Message du Pape François pour la XXXVIe journée mondiale de la Jeunesse.
responsabilité pour que le monde puisse ressusciter grâce à notre force, notre enthousiasme et notre amour.
2. Ne nous laissons pas distraire : les épidémies qui apparaissent sous de nouvelles formes dans différents pays ne sont pas disparues complètement ; par conséquent, une prudence et une protection particulières doivent toujours être de rigueur surtout en ce moment que nos frontières s’ouvrent. Le vaccin, qui est reconnu par les experts médicaux comme efficace, est déjà répandu dans le pays. Pour dissiper les doutes sur l’efficacité de ces différents types de vaccins, nous devons toujours consulter un médecin avant de se faire vacciner. Nous ne devons pas ignorer les autres types de maladies mortelles. Nous devons les prendre très au sérieux.
Malgré les efforts de chacun et de certains groupes ou communautés au quotidien, des ombres sont encore bien présentes et peuvent empêcher de nous avoir « un ciel bleu »
LES RELATIONS FONT LES PERSONNES
3. Il est maintenant clair que les relations mêmes qui définissent les personnes sont détruites : celles avec Dieu le Père, avec la création et surtout avec les autres personnes. Les vraies valeurs malagasys de respect mutuel de respect de la vie sont en train d’être bafouées Nous sommes tellement préoccupés par une imitation irréfléchie de ce qui vient du monde extérieur, de ce fait il n’y a aucun vrai discernement du bien. C’est le réseau social maintenant qui « éduque », contrôle et dicte même tous les aspects de notre société. L’usage de l’argent devenu dieu s’étend partout et détruit complètement les relations humaines. La plupart des gens sont indifférents aux douleurs et au sort des autres, nos proverbes « ny omby mahia tsy lelafin’ny namany » (bœuf maigre n’est jamais léché par ses compagnons) et « Ny ory tsy havan’ny manana » (les pauvres ne sont pas compagnons des riches) sont donc littéralement appliqués. Le fossé entre les riches et les pauvres se creuse.
Idem.
Cf. Pape François, Laudato Si, n° 240
Cf. Pape François, EvangeliiGaudium, n°55
Cf. Ibid. n° 54
4.D’un autre côté, cette mentalité qui nous fait éloigner Dieu de la vie s’insinue maintenant tranquillement. Le cœur des hommes est tellement rempli de ce genre d’illusion que Dieu, le Créateur de la vie, est rejeté. La vie des gens semble n’avoir aucune place pour Lui et ils font ce qu’ils veulent avec le sentiment qu’ils sont leurs propres maîtres. C’est ce qui est arrivé au Messie quand il voulait habiter auprès des gens dans Lc 2 : 7 « Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. »
5.Il n’est pas surprenant que la proposition des lois pour légaliser l’avortement thérapeutique ait pris le devant de la scène. Nous confirmons de nouveau ce que nous avons souligné auparavant que les êtres humains n’ont pas le droit de tuer de « personne ». Par conséquent, ce n’est pas à nous d’avorter pour quelque raison que ce soit car ce n’est pas nous qui avons créé la vie, elle appartient à Dieu. «Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » (Gen 2,7).Par conséquent, nous exhortons tous ceux d’entre nous qui adorons et craignons Dieu à ne pas faire de l’avortement une loi, même s’il est censé être pour des raisons médicales, car la médecine est destinée à sauver des vies et non à tuer des innocents. Chacun doit être conscient que cette loi proposée est indirectement une voie ouverte à l’avortement même si on ne le déclare pas ouvertement. Nous sommes encore actuellement dans une situation difficile à cause de cette pandémie mortelle qui a tué plusieurs personnes. N’ajoutons pas d’autres meurtres d’innocents par des lois que nous-mêmes êtres humains façonnons.
6. De plus, toute la nature crie fort aujourd’hui à cause des agressions humaines à travers les feux de brousse et la déforestation et l’exploitation injuste des ressources naturelles. La conséquence est grave, l’eau s’est tarie dans de nombreuses régions de l’île, entraînant famine et migration. La dégradation de l’environnement est désormais une réalité, alors osez prendre des mesures strictes pour la protéger et punissez ceux qui pratiquent délibérément les feux de brousse et détruisent des forêts. Nous devons tous comprendre que « celui qui brûle la terre tue la génération future » et « celui qui plante des arbres transmet la vie».
À PROPOS DE L’EDUCATION
7. L’éducation est fondamentale car elle est la base sur laquelle la personne se réalise dans son ensemble et assure son développement dans tous les aspects de la vie. L’éducation est aussi l’occasion de de remettre les valeurs malagasy les plus importantes à leur vraie place notamment la crainte de Dieu. Mais maintenant, plus d’un constate que le secteur de l’éducation est négligé. Certes, il est bon de récompenser ceux qui ont réussi et de construire des infrastructures, mais il est également nécessaire d’examiner les fondamentaux des systèmes et programmes éducatifs visant à développer des personnes ayant les compétences et l’esprit prêts à affronter la vie afin que les jeunes diplômés ne soient pas des lourds fardeaux pour la société et le développement. L’éducation ne devrait pas seulement concerner les compétences et les connaissances, mais devrait être basée sur une vision intégrale, de l’homme et de tout homme surtout au niveau de la conduite morale afin de former une personne responsable.
8. Certes des responsables qui se sont succédés n’ont pas manqué de volonté pour mettre à jour le système et les programmes scolaires, mais le contenu ne semble pas avoir fait l’objet de recherches bien approfondies pour qu’il soit bien adaptés au développement intégral de l’homme et répondre aux besoins et réalités des jeunes du pays ; en effet l’éducation devient un objet d’essai sans limite. Nous rappelons que ce Plan Sectoriel Éducation, en cours depuis plusieurs années, est contestable et nécessite une réflexion plus soignée. Est-ce qu’il nous mènera vers une vraie réussite ? Sera-ce vraiment un succès ? Ou est-ce seulement question de gros sous qui se cachent derrière le projet ? Nous rappelons ici ce que nous avons dit dans les messages précédents sur l’enseignement universitaire. Vous administrateurs et enseignants, soyez de modèles ; et vous les jeunes, ne vous permettez pas d’être manipulés comme des instrument politiques.
L’APAISEMENT, L’ECOUTE MUTUEL ET SE DONNER LA MAIN SONT NÉCESSAIRES
9.La plupart des Malagasy actuellement sont embourbés dans l’extrême pauvreté. Beaucoup de familles ont peu à manger, pas de vêtements, pas d’abri, or ce sont les besoins fondamentaux que les gens devraient avoir : « La première chose pour vivre, c’est l’eau et le pain, le vêtement et la maison » (Sir 29, 21). Mais nous ne pouvons pas aller vers le progrès à moins que nous soyons dans l’apaisement. Des plaintes et des cris proviennent de partout exigeant d’action urgente sinon il y a aura d’explosions sociales. Il s’agit notamment des plaintes de nombreux travailleurs non payés à travers l’île ou bien du retard de paiement les rendant misérables et vulnérables comme décrit Jr 22, 13. 17. Sans parler du personnel de nombreuses communes de l’Île, du personnel de l’Université et bien d’autres non répertoriés.
DES INJUSTICES FLAGRANTES ET DES CRIS DES GENS VICTIMES DES OCCUPATIONS ARBITRAIRES DE LEURS TERRES
10. L’occupation des biens des gens, en particulier des terres, est l’une des principales causes de la déficience et de la pauvreté des gens, comme décrit 1 Rois 21 : 1-16. Les gens sont inquiets car même s’ils ont possédé des terres de leurs ancêtres, celles-ci risquent d’être récupérées par des investisseurs et des riches dans un court laps de temps. Des mesures sérieuses sont nécessaires pour organiser les conflits fonciers et éradiquer la corruption par la délivrance de titres fonciers afin de régner la justice et l’équité pour apporter la paix au peuple. Vous tous, les autorités à tous les niveaux, vous avez une grande responsabilité en particulier pour la propriété foncière, écoutez les cris des pauvres et des sans défense.
11. Sachons faire reconnaissance pour tous les efforts déployés par le gouvernement et les responsables de la sécurité cherchant rétablir la paix. Ils étaient fructueux dans certaines régions. Cependant, nombreux sont encore ceux qui s’inquiètent de la violence et nous continuons d’exhorter à trouver des solutions efficaces, meilleures et plus rapides pour l’ordre public. L’une des questions que beaucoup se posent est de savoir s’il existe un programme clair pour gouverner le pays et des priorités en fonction des réalités des gens et de leurs besoins au niveau local. Merci Reconnaissance également aux efforts de toutes les personnes sages pour faire procurer plus de stabilité au pays. Cependant il est déjà préoccupant de voir que l’accent est mis sur la campagne préélectorale. Beaucoup oublient que ce que les gens vivent encore, c’est « la nourriture d’aujourd’hui qu’ils doivent aujourd’hui même ».
12. Pour nous tous, sachons que la paresse et l’oisiveté sont les sources de la pauvreté. L’homme est appelé à travailler, c’est là que s’exalte sa propre dignité (cf. Gn 1,28), il doit donc éviter l’attitude de dépendance à long terme et d’une attente d’aide infinie. Évitez la paresse et l’oisiveté, car elles nous rendent pauvres (cf. Si 22 : 1 ; Pr 6 : 6-11) (cf. Pr 13, 4 ; 21, 25) et ne font pas progresser. Pour vous, dirigeants, trouvez et améliorez toujours les moyens de créer des emplois durables et de travail décent pour les citoyens.
ÉGLISE SYNODALE : « COMMUNION-PARTICIPATION-MISSION »
13. L’Église catholique est en train de réaliser le Synode conformément à l’appel lancé par le Pape François à vivre la communion, la participation, la mission qui est l’essence même de l’identité de l’Église. Ainsi, nous invitons toute la grande Famille de Dieu à prendre une part active à sa réalisation. Profitez de ce de cette occasion exceptionnelle pour nous dans la paroisse et le diocèse pour nous rencontrer, vivre et expérimenter ce « marcher ensemble ». Prenez l’Église et notre foi en main et prenez la responsabilité de réfléchir pour pouvoir prêcher la bonne nouvelle de nos jours. Répondre aux diverses formes auxquelles nous sommes appelés à répondre font partie de notre participation. Nous espérons que ce synode apportera de plus en plus de communion et fera de l’Église un symbole de communion au sein de la société.
14. L’Eglise Catholique célébrera dimanche prochain le Christ-Roi et commencera le temps de l’Avent, que ces temps apportent un nouvel élan à notre famille et qu’il soit fermement établi dans nos cœurs que « Le Christ a vaincu le monde ». Portez une grande attention au message du Pape à vous les jeunes en ce dimanche du Christ-Roi. Nous confions toute notre vie aux prières de la Bienheureuse Vierge Marie Patronne de Madagascar, de Saint Joseph et de nos Saints et Bienheureux.
Nous, vos évêques, vous bénissons. Antananarivo 12 novembre 2021Mémorial de Saint Josaphat.
Son Exc. Mgr Marie Fabien RAHARILAMBONIAINA, Evêque de Morondava,
Président de la Conférence Episcopale de Madagascar
Son Exc. Mg Filgence RABEMAHAFALY, Archevêque de Fianarantsoa, Vice-Président
Son Exc, Mgr Gabriel RANDRIANANTENAINA, Evêque de Tsiroanomandidy, Secrétaire Général.
Son Éminencele Cardinal Désiré TSARAHAZANA, Archevêque de Toamasina,
Son Exc. Mgr Benjamin Marc RAMAROSON, Archevêque d’Antsiranana,
Administrateur Apostolique d’Ambanja
Son Exc. Mgr Odon Marie Arsène RAZANAKOLONA, Archevêque d’Antananarivo
Son Exc. Mgr Fulgence RABEONY, Archevêque de Toliary
Son Exc. Mgr Georges Varkey PUTHIYAKULANGARA, Evêque de Port-Bergé
Son Exc. Mgr Marcellin RANDRIAMAMONJY, Evêque de Fenoarivo Atsinanana
Son Exc. Mgr Jean de Dieu RAOELISON, Evêque d’Ambatondrazaka
Son Exc. Mgr Rosario VELLA, Evêque de Moramanga
Son Exc. Mgr Gustavo Bmbin ESPINO, Evêque de Maintirano,
Administrateur Apostolique de Mahajanga
Son Exc. Mgr Jean Claude RANDRIANARISOA, Evêque de Miarinarivo,
Son Exc. Mgr Philippe RANAIVOMANANA Evêque d’Antsirabe
Son Exc. Mgr Fidelis RAKOTONARIVO, Evêque d’Ambositra
Son Exc. Mgr José Alfredo CAIRES DE NOBREGA, Evêque de Mananjary,
Son Exc. Mgr Fulgence RAZAKARIVONY, Evêque d’Ihosy
Son Exc. Mgr Gaetano DI PIERRO, Evêque de Farafangana
Son Exc. Mgr Zygmunt ROBASZKIEWICZ, Evêque de Morombe
Son Exc. Mgr Vincent RAKOTOZAFY, Evêque de Tolagnaro
Son Exc. Mgr Jean Pascal ANDRIANTSOAVINA, Eveka Auxilliaire d’Antananarivo
Son Exc. Mgr Raymond RAZAKARIVONY, Evêque Emérite de Miarinarivo
Son Exc. Mgr Joseph Donald Léo PELLETIER, Évêque Émérite de Morondava
Son Exc. Mgr Michel MALO, Evêque Emérite d’Antsiranana
Son Exc. Mgr Armand TOASY, Evêque Emérite de Port-Bergé
Son Exc. Mgr Antoine SCOPELLITI, Evêque Emérite d’Ambatondrazaka